mon rêve s'écroule
L'été 1989, c'était un bel été comme nous ne l'avions pas connu depuis longtemps. Maman, vint nous voir en juillet, avant l'épisode des loyers. Retardé à Bordeaux, je n'ai pu être au R.V que je lui avais fixé à la gare. Elle se débrouilla bien pour nous trouver, heureusement Virginie ma petite belle-soeur était là pour la recevoir, elle avait bien fait le ménage. Mais aucune course . Maman dut repartir faire des achats pour le repas du midi. Moi, j'arrivais à 13 H. Je pris mon bain et alla chercher Aurore à la clinique, elle arriva encore en faisant la gueule.....je la ramenais à son travail après manger. L'après-midi, j'allais faire ma lessive avec Virginie pendant que maman fatiguée par le voyage se reposait. Je sais maintenant, qu'elle se posa des questions quand à ce que nous aurions manger si elle n'avait pas été là, car elle pensait à juste titre, que les magasins ferment le midi. Cette question, elle ne se l'était pas posée quand je lui avais dit que, en panne d'argent sur la route, j'avais failli ne pas manger si, me trouvant pas trop loin de Guéret, je n'avais eu la chance de trouver au téléphone sa marraine qui sont venus , elle et son fils me dépanner. Elle m'avait grondé, pensant, qu'étourdi, j'avais simplement oublié de prendre ce qu'il me fallait. Elle n'aurait jamais pensé que je pouvais manquer d'argent alors que nous travaillons tous deux !! J'aurai tellement aimé qu'elle comprenne mais comment lui dire, lui expliquer!! Je promenais beaucoup Aurore, tout au moins au déb ut de notre vie dijonnaise : nous allions voir la mamie en vacances, redescendions dans la Sarthe assez souvent ect.... je dus bientôt prendre ce que j'avais économisé comme allocation-logement. Je n'en parlais pas à Aurore, mais j' annulais l'assurance-vie que je versais chaque mois.
D'ailleurs, Aurore se faisait de plus en plus rare à la maison, elle prétendit qu'elle allait suivre des cours, j'en profitais pour appeler maman qui comme moi avala le mensonge mais remarqua sans rien dire que lorsque j'appelais, j'étais toujours seul....
Je vois bien qu'avec Aurore, ça va mal : une vie à deux pour fonder la famille dont je rêve encore, malgré tout, ça ne peut pas marcher comme ça!
En août, nous redescendîmes au Mans, nous passâmes dans la petite maison qui m'avait vu grandir et où j'avais l'impression de ne plus avoir ma place. Pourtant, je n'avais guère envie de partir ce jour-là, j'étais las et découragé. Pour donner le change, j'imaginais des projets d'avenir dont je savais qu'ils étaient vains.
Quelques jours plus tard, je reçus mon compte à Dijon et je pus y déposer intégralement mon chèque, j'expliquais à Aurore qui tempêtait qu'il fallait que je me remplume quelques mois.
Mais ce jour-là, je signais la fin de tout. Aurore se plaignit de plus belle que je ne lui donnais pas d'argent, ce qui était devenu vrai. Elle était devenue la pauvre victime qui payait tout et bien sûr, bonne comédienne, beaucoup l'ont cru !" Mon papa aussi ne veut plus te voir depuis qu'il sait que tu ne me donnes pas d'argent!"
Aurore, voyant que la poule aux oeufs d'or, c'était fini, devint de plus en plus infernale . Elle partait le week-end quand j'arrivais et me laissait la vaisselle de la semaine à laver, le linge et le ménage. J'étais triste et découragé : depuis tous ces mois à Dijon, j'avais eu ma dose d'émotion, de stress et de contrariété . J'avais conduit tout à tour des camions avec double-plateaux chargés de voitures sur les petites routes de montagne, frôlant le vide, quitté le midi en flammes et l'on fermait l'autoroute derrière moi, des flammèches volant autour de moi. J'avais subi les provocations, les humiliations et même l'abandon ! Je m'étais peu reposé, mal soigné ! Je savais maintenant que non seulement Aurore s'était moqué de moi mais qu'elle m' avait escroqué pas mal d'argent et beaucoup plus si les loyers ne s'étaient pas découverts à temps. Elle avait profité de ma confiance, de ma gentillesse, de mon amour. Elle avait raison, j'étais trop bête !!